Convalescence oblige, ces 3 dernières semaines, je n’ai pas beaucoup travaillé. J’ai plutôt fait comme tout le monde. Je me suis posé dans mon canapé et j’ai regardé des films (pour les amoureux de lifelogging la liste complète est sur senscritique). L’un d’eux m’a particulièrement marqué. Everything everywhere all at once.
On pourrait penser que pour quelqu’un qui lit du de la science-fiction depuis des années, qui a déjà vu Doctor Who, et quelques autres oeuvres d’univers parallèles, il n’y aurait rien là de nouveau. Pourtant. Je l’ai regardé une fois. Puis une 2e fois. Et puis j’ai regardé cette vidéo de bolchegeek qui m’a éclairé sur la distinction entre le moderne, le post-moderne et le méta-moderne. J’ai enchaîné avec Everyone needs Waymond (parce que j’aime Waymond). Et puis je me suis tapé une comparaison intéressante entre Top Gun Maverick (que je n’ai aucune envie de voir) et Everything everywhere all at once dans Why do movies feel so different now ? avant de conclure par Why everything everywhere all at once hits so hard ?
Et c’est après avoir vu cette dernière vidéo que je me suis fait cette réflexion. Réellement, ce film m’a marqué. C’est arrivé peu de fois dans ma vie. Évidemment, comme j’aime le dire à tout le monde, la première fois que ça m’était arrivé, c’est avec Conan le barbare. Qui, lui, n’est même pas un film moderne. Il y a eu d’autres chocs. Par exemple, Thomas Crown. Mais je crois que ça fait vraiment très longtemps que je n’ai pas ressenti. ce bousculement de mes valeurs. Et heureusement, ces différentes analyses critiques m’ont permis de comprendre ce qui m’avait bouleversé dans ce film.
D’abord, et peut-être de façon cruciale, il y a justement cette approche méta moderne. Si je devais essayer de reformuler ce que j’ai compris de ces différentes vidéos, c’est une histoire de diable qu’on ne remet pas dans sa boîte. En effet, quand on est passé de l’art moderne qui vante l’individualisme, le progrès à l’art postmoderne, on a fait entrer l’ironie dans le jeu. Et l’ironie, on peut la faire rentrer, mais on ne peut pas la faire sortir. Autrement dit et d’une manière un peu plus propre, une fois que vous avez vu le punk, vous ne pouvez plus l’enlever de votre regard. Par contre, ce que vous pouvez faire aussi bien avec l’ironie qu’avec le punk ou avec le nihilisme, et c’est ce que fait ce film, vous pouvez reconnaître que ça existe. Mais reconnaître aussi qu’il est possible de choisir un autre chemin, et c’est peut-être la chose la plus importante à mon avis, de ce film, c’est être capable de dire. Oui, on peut être nihiliste, oui. On peut choisir de dire que. Rien n’a d’importance. Mais on peut aussi choisir de dire que si rien n’est d’importance, je peux choisir ce qui est important pour moi. Je peux choisir de penser que l’amour, la bienveillance a du sens.
Et ça me fait beaucoup de bien de voir que cette tendance méta-moderne est en train de prendre de la force. Parce que si ce film en est un représentant cinématographique évident, je pense que les œuvres de Becky Chambers, par exemple, lui sont équivalentes dans le domaine de la science-fiction écrite. Ce sont des œuvres qui ont intégré les capacités du Cyberpunk à décrire des univers dystopiques, mais ont choisit de sortir de cette dystopie. Et ça me fait du bien.